09/08/2013
Histoire : le vrai bilan de Louis XIV
Un dossier qui écarte les lieux communs :
Le « vrai Louis XIV » fait partie des marronniers d'été pour les magazines, mais l'Obs de ce 8 août est original. Son plateau va de Daniel Dessert (cruel envers le règne) à Jean-Christian Petitfils, via Marc Fumaroli et les jeunes spécialistes de la période. Le résultat, intelligent, tranche avec ce que les journaux proposent d'habitude sur le sujet : ici le lecteur échappe à la légende noire (« Au temps des rois, des seigneurs, des despotes... ») ; mais il échappe aussi à la légende dorée, style « ce Grand Roi qui illumine l'histoire d'une France aujourd'hui orpheline ».
La lucidité des historiens sur le véritable bilan de Louis XIV commença dans les années 1960 avec Pierre Goubert, 1915-2012 [1], l'homme qui passa l'Ancien Régime au scanner. « Goubert déboulonne la statue du monarque génie de la guerre, fondateur de l'Etat-nation, grand timonier d'une France mirifique et triomphante, brillant de mille feux sous les ors de Versailles, sublime théâtre en trompe-l'oeil d'un régime qui affame son peuple et qui porte en lui tous les germes de la révolution de 1789 », explique l'article. L'Obs donne la parole à Daniel Dessert : élève de Goubert durant les années 1970, Dessert se lance à cette époque « dans l'écriture d'une thèse colossale sur la marine de guerre de Louis XIV. Au bout de deux ans de travail, il découvre que ce roi tout-puissant est en fait entre les mains d'une nouvelle oligarchie financière, les ''usuriers de la guerre''...». En 1984, Dessert publie chez Fayard un ouvrage qui fera référence : Argent, pouvoir et société au Grand Siècle. Pendant plus de trente ans, l'historien, (73 ans en 2013) poursuivra et approfondira son autopsie du régime de Versailles : « Ceux qui présentent Louis XIV comme un roi habile et manoeuvrier ont une vision du pouvoir théâtrale et sublimée », dit-il : en réalité, Le Plus Grand Roi du Monde est entre les mains de la finance. Et pendant que Versailles « faisait son carnaval », dit Dessert, les financiers gouvernaient le roi : « Les ministres lui proposent vingt décisions qu'ils ont déjà prises. La marge de manoeuvre de Louis XIV est qu'il ne peut en refuser qu'une », constate Saint-Simon paraphrasé par Dessert. [2]
A cela l'éminent Fumaroli (ultralbéral de 2013) riposte dans l'Obs, mais sa riposte ressemble à du Guitry : « Louis XIV a certes commis des erreurs, comme la révocation de l'édit de Nantes, mais par son soutien aux savants, aux artistes et aux écrivains, il a créé les conditions pour que la France entre dans la civilisation moderne. » Que Fumaroli nous pardonne, mais cet argument n'en est pas un. D'une part, d'autres pays sont « entrés dans la civilisation moderne » (que veut dire cette phrase ?) sans avoir un Louis XIV. D'autre part la culture n'est qu'un aspect du bilan ; la politique en est un autre, et sous cet angle le règne de Louis XIV abonde en « erreurs » stratégiques de grande dimension, difficilement pardonnables. Du point de vue même où se plaçaient les aimables Gaxotte ou Bainville (« le roi expert en intérêt national »), la révocation de l'édit de Nantes fut une bourde énorme née de l'obsession « religieuse » du roi, interventionniste en ce domaine auquel il n'entendait rien. Même chose envers le jansénisme, qui tira son prestige et son pouvoir de nuisance – politique et spirituelle – d'avoir été persécuté par le Grand Roi [3]... Quant à l'installation de Philippe V sur le trône espagnol, son bilan fut pire que nul : une catastrophe militaire, économique et politique pour la France et les Français.
L'ironie est que Louis XIV, mégalomane, ne fut pas un « tyran » en dépit de l'imagerie républicaine. Ce qu'on peut lui reprocher est autre chose, explique Christian Jouhaud (EHESS) au Nouvel Observateur : « La France d'alors était équipée de contre-pouvoirs, beaucoup plus contraignants qu'on ne le croit. C'était un véritable Etat de droit, de droit écrit. Droit dynastique, droit immobilier, droit des corporations, droit de la noblesse, droit de la guerre, du commerce ; le roi ne pouvait pas faire ce qu'il voulait. En fait, le grand dérapage vient du côté irrationnel de son règne, cette quête éperdue de gloire... » Quête qui dilapida la puissance matérielle de la France en entreprises sans lendemain, alliant contre elles le reste d'une Europe « rendue paranoïaque par la propagande du ''roi universel'' », dit Dessert. « Louis XIV n'avait tout simplement pas les moyens de ses ambitions guerrières », reconnaît Jean-Christian Petitfils : « au bout de deux ou trois années de conflit armé, les caisses du pays étaient vides. Il était contraint de négocier une paix petit-bras avec l'ennemi allemand, anglais, hollandais ou espagnol... » Pas de quoi tomber en extase, note l'Obs.
Conclusion assassine (Daniel Dessert) : Louis XIV « avait hérité d'une monarchie de sept cents ans. Il lègue à ses héritiers une couronne qui n'a plus que soixante-dix ans à vivre. Les vrais monarchistes devraient le haïr. Il a creusé lui-même la tombe de la royauté. »
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[1] Louis XIV et vingt millions de Français (Fayard-Pluriel, 1966).
[2] Ceux qui ne croiraient pas Dessert sur ce point, peuvent se reporter au passage des mémoires de Saint-Simon (1708) où le duc, de l'une des six petites maisons du parc où logent les invités des séjours de Marly, voit passer le roi s'efforçant de séduire le banquier Samuel Bernard... Saint-Simon dit sa stupeur (« et je n'étais pas le seul ») devant « cette espèce de prostitution du Roi, si avare de ses paroles, à un homme de l'espèce de Bernard ». En 1697, Louis XIV s'était déjà endetté de onze millions auprès de ce banquier qui était, dit Saint-Simon, « le plus riche de l'Europe, et qui faisait le plus gros et assuré commerce d'argent ; il sentait ses forces et il y voulait des aménagements proportionnés, et les contrôleurs généraux, qui avaient bien plus souvent affaire de lui qu'il n'avait affaire d'eux, le traitaient avec des égards et des distinctions fort grandes ». (Mémoires, Pléiade t. 3, p. 134).
[3] Sur Louis XIV et la religion, cf. Saint-Simon 1706 : « Profondément ignorant en ces matières, élevé dans le préjugé le plus extrême là-dessus, le roi ne consulta jamais personne qui pût l'éclairer, et ne permit même jamais à personne d'ouvrir la bouche devant lui qui pût lui donner la moindre lumière. Ainsi on avait beau jeu à lui faire passer pour erreur et jansénisme tout ce qu'il était utile à ceux qui profitaient de ses ténèbres de lui faire passer pour tel, soit choses, soit gens ; et ils avaient, de plus, usurpé cet incomparable avantage que choses et gens donnés pour tels demeuraient proscrites sans examen, sans information et sans ressource. » (Mémoires, Pléiade t. 2, p. 689).
12:48 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : histoire, louis xiv, nouvel obs
Commentaires
VOLTAIRE
> Voltaire a été à l'origine de l'hagiographie du roi avec son "Siècle de Louis XIV", qui était un peu dirigé contre Louis XV, et qui a fait oublier l'importance de Louis XIII ou de Mazarin dans la prospérité économique et culturelle de la France du Grand Siècle. Il serait cependant difficile et sans intérêt de vouloir tirer un bilan positif ou négatif de son règne. C'est un jeu qui ne passionne que les journaux populaires.
Paradoxalement, alors qu'il a détruit la puissance des grands princes, fauteurs de guerres civiles depuis des siècles, il a nui à l'image du roi défenseur du peuple contre les puissants. Il faut en effet se rappeler que, à toutes les époques, les rebellions de la haute aristocratie et les révolutions libérales, sous prétexte de lutte contre la tyrannie, ont toujours mené à la domination des riches sur le peuple.
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Écrit par : Guadet / | 09/08/2013
Cher PP,
> J’ai fait hier après-midi un tour en barque sur le Grand canal, dans le parc du château, au milieu des touristes, eh bien voyez-vous, Louis XIV avait le sens de la beauté et c’est déjà beaucoup. Vous écartez son discernement en matière culturelle, comme pesant peu au regard de ses erreurs politiques. Mais s’il avait été un génie politique, aurait-il davantage marqué nos mémoires et aurait-il davantage de rayonnement dans ce monde encore et toujours fasciné par la grandeur et la beauté de Versailles ?
Pour ma part, je me refuse à penser Louis XIV détaché de la Providence qui a présidé à sa naissance et de cette même Providence qui nourrit sa postérité, laquelle demeure éclatante, quel que soit la vérité du jugement des historiens… Ne serait-ce que par la présence de Bourbons (d’Espagne et de Luxembourg) – fussent-ils politiquement irresponsables – à nos portes !
Denis
[ PP à D. - Je vois ce que vous voulez dire... mais Luxembourg et Madrid, je vous les laisse ! (je plaisante). ]
réponse au commentaire
Écrit par : Denis / | 09/08/2013
IDOLATRIE
> Louis XIV a dénaturé l'esprit de la royauté française. C'est ce que pensait Chateaubriand. Bernanos aussi. Et même La Varende ! Le louisquatorzisme fut une idolâtrie déguisée en catholicisme.
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Écrit par : jean-eudes / | 09/08/2013
RIGIDE
> Vrai, le jugement de Dessert : le régime de Louis XIV a fabriqué tous les ingrédients de la Révolution française. Et il a rendu la monarchie tellement rigide qu'elle ne pouvait plus évoluer comme elle l'avait fait souvent depuis Hugues Capet.
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Écrit par : le balp / | 09/08/2013
COUR INFERNALE
> Le système de cour de Versailles était un enfer. Totalement artificiel. Coupé du pays réel. Et ça n'a fait que s'aggraver avec les deux rois faibles : XV et XVI. Se rappeler les ignobles pamphlets contre Marie-Antoinette commandités par Provence, le futur XVIII !
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Écrit par : G. Debignan / | 09/08/2013
@ jean-eudes
> je pourrais signer ce que vous avez écrit.
je pense que c'est de l'admiration porté à Louis XIV que vient toute cette idée répandue en France chez les cathos : la grandeur de la France c'est la France de Louis XIV, être catho c'est être conservateur.
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/08/2013
DYNASTIE ?
> Le père était tout aussi calamiteux. On retrouve chez Louis XIII les mêmes défauts que chez son fils, en plus mesquin. Avant l'assassinat de Concini, le royaume de France, gouverné par les bons soins de Marie de Médicis, était en train de se relever.
Il faudrait aussi regarder un peu ce qui se cache derrière l'image d’Épinal d'Henri IV. D'un point de vue cynique, le couteau de Ravaillac a procuré aux Français un répit providentiel.
J'attends que le Nouvel Observateur fasse le procès de la dynastie des Bourbons et pas d'un seul de ses représentants.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 09/08/2013
@ Blaise
> Bien que n'ayant pas votre culture historique, je vous trouve bien expéditif avec Louis XIII . Et un brin rapide à nous vanter "les bons soins de Marie de Médicis".
Il est facile de condamner les Bourbons. Rien ne nous dit que de meilleurs monarques auraient évité la Révolution – surtout lorsqu'on prend conscience, avec Michéa, de la montée inexorable d'une pensée libérale bousculant l'exercice du pouvoir, chosifiant les institutions et les hommes.
En outre, j'estime, surtout comme lecteur de ce blog, que vous devriez aussi envisager l'"histoire spirituelle" du royaume de France. Il se trouve qu'elle fut assez riche sous Louis XIII. Pour en prendre la mesure, je vous recommande "Le voeu de Louis XIII : passé ou avenir de la France ?" de l'abbé Laurentin (éd. FX de Guibert, 2004). Une excellente lecture à l'approche du 15 août, et du 375e anniversaire de l'institution du Voeu par celui qui mérita le surnom de "Juste".
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Écrit par : Denis / | 09/08/2013
SERVICE
> Mon tempérament romantique me porte, comme certains d'entre-vous sur ce blog, à continuer dans mes moments de rêverie à me raconter l'épopée d'une nouvelle royauté en France.
Ce qui fait la grandeur d'un roi, c'est son peuple.
C'est pourquoi quand bien-même je serais réellement royaliste, c'est le service du peuple de France que je chercherais à pratiquer et promouvoir. Après, que ce service s'incarne ou non dans une personne particulière, est secondaire.
Subjectivement je pense que Louis XIV s'il avait eu les moyens technologiques aurait inventé la presse people et le bling-bling.
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Écrit par : Anne Josnin / | 09/08/2013
@ Blaise Join-Lambert
> Vous préférez les Valois aux Bourbons ?
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Écrit par : Michel de Guibert / | 10/08/2013
@ Denis
> Louis XIII a inauguré son règne par un meurtre, et on ne peut pas dire qu'il ait été un bon fils ni un bon époux. N'oublions surtout pas son goût immodéré de la guerre et sa décision, en 1642, d'autoriser la traite négrière.
En fait, je suis moins intéressé par la personne des Bourbons que par leur idéologie et la politique qu'ils ont menée sur presque deux siècles. Les monarchies absolues qui ont essaimé dans l'Europe du XVIIe siècle ont joué un rôle essentiel dans le processus de sécularisation et la construction de l'Etat libéral. Pour aborder cet aspect des choses, les analyses de William Cavanaugh sont plus fouillées que celles de Jean-Claude Michéa. Cela vaut la peine, à mon avis, de faire dialoguer ces deux auteurs.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 10/08/2013
@ E Levavasseur
> J'évolue dans des milieux très catholiques et pourtant je n'ai jamais rencontré d'admirateurs de Louis XIV. Ce que vous attribuez aux "cathos" ne doit correspondre qu'à une frange limitée de la société française, imbue de nationalisme. Le lien entre la "grandeur de la France" et la foi chrétienne n'est d'ailleurs pas si évident que cela.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 10/08/2013
@ Michel de Guibert
> Difficile de répondre...
J'ai tendance à remonter au XVe siècle pour mieux comprendre l'absolutisme français de l'époque classique. Dans les deux cas, la guerre de Cent Ans et les guerres de religion ont été de puissants accélérateurs pour la montée en puissance de l'institution monarchique.
Le processus de concentration des pouvoirs et des prérogatives au niveau matériel et symbolique était déjà bien engagé sous François Ier; et Joël Cornette, dans un livre consacré à l'absolutisme, a beaucoup insisté sur la figure de ce roi. De même, la sacralisation de la personne royale, qui culminera au XVIIe siècle, était une donnée essentielle : dans l'esprit des calvinistes, remettre en cause la présence réelle du Christ dans l'eucharistie c'était s'en prendre très concrètement à l'idéologie monarchique de la transsubstantiation du corps royal en corps politique. L'affaire des Placards n'était donc pas anodine. En fait, les guerres de religion ont pu être vécues comme le moyen de contrecarrer l'évolution de la monarchie vers l'absolutisme. Mais elles n'ont fait que précipiter les choses.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert | 10/08/2013
@ Blaise Join-Lambert
> Ma question sur les "rois maudits" était un peu provocatrice, j'ai un peu de mal à souscrire totalement à votre sévérité à l'égard des Bourbons, mais vous ouvrez des pistes de réflexion intéressantes.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 10/08/2013
HYPOCRISIE EN MATIERE RELIGIEUSE
> L'hypocrisie louisquartozienne en matière de religion est bien connue: persécuter les protestants du royaume, pour atteindre à travers eux le Pape (c'est le Pape et l'Eglise en général qui sont censés ramener les Protestants à la foi catholique, une façon pour le Roi-Soleil de leur faire de la concurrence), par contre le zélé défenseur de la foi n'éprouve aucun problème pour s'allier avec la Suède protestante et l'Empire Ottoman musulman, à cause de la catholique Autriche,sa rivale. Puis à la fin de son règne, sous l'influence de Mme de Maintenon, il s'installe dans la plus pure bigoterie. C'est d'ailleurs pour cette Cour convertie à la tartufferie, que Ch. Perrault a écrit ses fameux contes à la fin du XVIIème siècle, il puise certes dans des matériaux populaire, mais retravaillés dans une perspective "chrétienne" (le petit Poucet devient une sorte de Christ ...).
Écrit par : Aurélien Million / | 10/08/2013
LA GUERRE DE TRENTE ANS
> Je ne suis pas un grand spécialiste de cette période, mais il y a il me semble un paramètre très fâcheux pour la France de cette époque, qu'on a vu dès les dernières années du règne de Louis XIII, quand le pays a fini par être directement impliqué dans la guerre de Trente Ans: lorsqu'elle veut s'affirmer comme une puissance, la France est asticotée sur ses frontières du Nord, et là, pas de bol : elles sont difficiles à défendre, avec de vastes plaines et une capitale dangereusement facile d'accès. De sorte que la sécurité du pays impose des dépenses militaires mais surtout de fortification terribles pour les budgets des Etats de l'époque - la guerre des XVIIe-XVIIIe est aussi faite de désordres sanglants du fait de troupes mal soldées, mal nourries. La volonté de puissance la plus normale, si j'ose dire, avait donc un coût élevé. Dans quelle mesure ce handicap est-il celui qui a fait de la monarchie absolue française un régime au trésor sans cesse à sec ?
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Écrit par : Phylloscopus / | 10/08/2013
BILANS
> Nous étions passé dans un système quasiment césaro-papiste, semble-t-il. Et ça finit toujours mal, par une révolution d'ampleur civilisationnelle: effondrement de l'Empire d'Orient devant l'Islam, Révolution française, Révolution russe.
@ Blaise Join-Lambert
> Sur l'autorisation de la traite négrière: il faut dire hélas que la papauté a été d'une timidité consternante sur le sujet, il a fallu attendre Pie VII puis Grégoire XVI pour avoir des prises de position claire. Les précédents documents antiesclavagistes ne mentionnaient explicitement que la protection des Indiens. Voir "Les Eglises chrétiennes et la traite atlantique du XVème au XIXème siècle" par le prêtre béninois Alphonse Quenum, ed. Karthala.
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/08/2013
LE PROCESSUS
> Peut-être suis-je influencé par mon atavisme comtois, mais il me semble que la funeste guerre de Trois-cents Ans qui opposa le Royaume de France à la Maison de Bourgogne continuée par celle d'Autriche (la langue de Charles Quint était le Français!) fut un des processus les plus calamiteux de notre histoire. Les fameuses alliances de revers avec les prince protestants ou les Turcs, dont les royalistes furent si fiers, ont participé à la sécularisation de la mentalité politique.
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/08/2013
@ Pierre Huet
> Au fond, c'est normal. Les papes n'étaient pas armés théologiquement pour condamner l'esclavage comme tel, et les pouvoirs séculiers faisaient leur possible pour qu'on ne dérange pas leurs petites affaires. Même si l'esclavage moderne atteignait des sommets dans l'abjection, il fallait pouvoir justifier son interdiction complète du point de vue de la foi. Et là, ce n'était pas gagné.
Quant aux indiens, en leur qualité de sujets du roi d'Espagne, on ne pouvait - du moins théoriquement - leur retirer leur liberté.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 11/08/2013
@ Blaise Join-Lambert
> D'après le P. Quenum, on en était resté à la doctrine de l'Eglise de l'Antiquité, qui serait inacceptable de nos jours mais ne faisons pas de jugement anachronique : il était légitime de capturer des esclaves non chrétiens et dans le cadre d’un châtiment judiciaire ou d’une guerre juste. On peut rire jaune de cette dernière clause qui ne réfrénait que des belligérants non convaincus de la justesse de leur cause mais passons.
De ce fait il avait des esclaves en Europe su Sud surtout, provenant de la guerre de course contre les Barbaresques, le plus célèbre étant le géographe al-Hasan ibn Muhammad al-Zayyātī al-Fāsī al-Wazzān adopté par Leon X et baptisé Jean-Léon de Médicis.
Aussi, lorsque le commerce triangulaire se mit en place, les négriers durent s’assurer que les roitelets africains qui les fournissaient les capturaient dans des guerres justes et non par des razzias, ils leurs demandaient donc leur parole. Tu parles !
Formidable naïveté de l’autorité de l’Eglise, malgré des rapports des missionnaires, encore peu nombreux en Afrique Noire. Et puis on baptisait les Noirs qui n’y comprenaient pas grand-chose. C’était donc pour le salut de leurs âmes…
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/08/2013
CONFUSION
> Allez sur Twitter et tapez "catholique" et "conservateur" et vous verrez le nombre impressionnant de petits jeunes cathos pour lesquelles ces mots sont comme "Michelle" et " ma belle."
on ne va pas les laisser englués dans cette confusion. c'est ça aussi l'évangélisation. c'est aussi pour les baptisés égarés
Quant a la grandeur de la France, elle dépend de chaque français baptisé qu'il fasse quelque chose de son baptême. Le reste n'est que gloriole.
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Écrit par : e levavasseur / | 12/08/2013
@ Levavasseur
> Ne confondez pas la France, Etat-nation dont l'existence est due à l'inconstance des événements et qui, un jour ou l'autre, disparaîtra – avec le peuple de Dieu. Les vertus et les charismes des saints ne sont pas destinés à couronner une quelconque idole nationale; ils n'ont pas pour origine un soi-disant génie français. C'est l'Esprit du Christ qui diffuse sa grâce aux membres de son corps, dans et hors des frontières visibles de l'Eglise.
Le nombre plus ou moins grand sur Twitter de "jeunes catholiques" pour qui l' engagement de foi va de pair avec le conservatisme politique ne me renseigne pas vraiment sur leur représentativité numérique réelle. Il se peut très bien que leur présence massive sur internet s'explique au contraire par leur sentiment de minorité assiégée et leur besoin de s'organiser et de se mettre en réseau via la Toile. Et puis la parole se libère plus facilement dans un espace virtuel que dans la vie de tous les jours.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 12/08/2013
VASEUX
> Ce concept vaseux de « grandeur de la France» paraît mettre en compétition les baptisés des différents pays, comme si les membres du Corps du Christ pouvaient se faire la guerre les uns contre les autres. D'ailleurs, petite précision de vocabulaire : l'Eglise de France n'est pas « française » ; elle réside de façon temporaire sur ce morceau de terre: elle pèlerine, elle campe...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 12/08/2013
LE SUJET
> Je n'utilise pas l'expression grandeur de la France, je ne m'y reconnais pas. Pr le reste cessez de faire la lecon du haut de votre grandeur "très catholique". Que vs ne connaissiez pas telle et telle personne ne signifie pas qu elle n existent pas.
Le sujet vs est meconnu du coup vs rabaissez vous prêtez un sens un but que je n' ai pas.
Ce parasitisme, cette déformation sont néfastes.
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Écrit par : E Levavasseur / | 13/08/2013
@ PP P Huet S Lellouche G de Premare
> Vous pouvez expliquer toutes ces choses à Blaise Svp ?
Et en quoi ca n'a rien à voir avec ce qu il déverse ?
Moi ca me fatigue.
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Écrit par : E Levavasseur / | 13/08/2013
@ Levavasseur
> Après coup j'ai regretté d'avoir utilisé l'adjectif « vaseux », écrit à la va-vite. Quoi qu'il en soit, et même si vous ne vous y reconnaissez pas, vous avez retourné positivement l'expression « grandeur de la France », – avec les malentendus que cela génère.
Par ailleurs, qui vous a dit que je ne reconnaissais pas l'existence des « catholiques conservateurs » ? Je mettais simplement l'accent sur les vraies proportions du phénomène, rapporté aux catholiques français pris dans leur ensemble. Internet peut être un miroir déformant. Mais je suis tout-à-fait d'accord avec vous pour m'inquiéter d'une telle tendance.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 13/08/2013
@ Blaise Join-Lambert
> "soi-disant génie français" : le mot génie dans un sens plus classique désignait les caractéristiques propres à l'état d'esprit d'un peuple et pas nécessairement une supériorité. Le "génie de la France" n'est pas le même que celui de l'Allemagne, de la Russie, de la Chine, de l'Inde: les langues et donc certaines habitudes de pensée voire de raisonnement ne sont pas les mêmes. les histoires politiques non plus et pas toujours les imprégnations par des religions ou des sagesses. Aussi est-il légitime d'employer cette expression.
PH
[ PP à PH et BJL - Idem pour la formule de Chateaubriand : "Génie du christianisme". Il ne s'agit pas de dire que le christianisme est génial, mais de mettre l'accent sur son génie propre. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 13/08/2013
@ Pierre Huet
> En fait, je n'ai pas utilisé le mot « génie » au sens de « génial ». Je voulais dénoncer la tentative qui vise à attribuer les charismes de l'Esprit à un caractère ou à un génie « français ».
Mais dans le cas de la France, peut-on parler d'un génie français? Le rouleau compresseur jacobin, la radio et la télé, la facilité des déplacements ont certes contribué à homogénéiser les populations. Toutefois, à mon avis, les différences régionales persistent.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 13/08/2013
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